Changement climatique : La piste de l’olivine !

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Si la probabilité d’un réchauffement catastrophique de 4 ou 5 degrés d’ici à 2100 est faible…La probabilité d’un réchauffement global de +2 degrés est grande.

Les pays riches ont déja commencé le découplage de leurs économies des émissions de CO2 mais ce ne sera pas le cas du reste du monde qui aspire au développement…Développement qui pourra permettre à ces pays de découpler leur économie des émissions de CO2 à leur tour.

Et même si tout le monde arrêtait brutalement de brûler des combustibles fossiles, les températures pourraient continuer à augmenter pendant plusieurs décennies : il y a un décalage entre l’émission de dioxyde de carbone et son plein effet sur la température.

80% de la consommation mondiale d’énergie provient toujours des fossiles : l’effondrement immédiat des émissions signifierait le retour à un niveau de vie préindustriel. Il est loin d’être évident que les avantages d’une telle décision l’emporteraient sur ses coûts moraux.

En plus de la transition, l’idée a donc germé de trouver des moyens de supprimer l’excès de CO₂ de l’atmosphère.

Le plus courant, c’est la capture directe du CO₂ dans l’air. Le procédé est le même que celui utilisé dans les stations spatiales. Cela requiert beaucoup d’énergie, et même dans des conditions idéales, le coût est d’environ 600$ la tonne.

En 2007, la presse néerlandaise a commencé à relayer une idée sensationnelle : déposer une roche de silicate, abondante et bon marché, l’olivine, sur les rives de la mer du Nord. Créant des kilomètres de plages de sable vert doré.

Mais le projet a vite été rattrapé par la réalité. La mine d’olivine la plus proche était située en Norvège, à 1000km des côtes néerlandaises, et le transport par voie maritime aurait demandé une énorme logistique…De plus, les conditions n’étaient pas idéales : la séquestration est environ trois fois plus rapide à 25°C (la température approximative de l’eau à Miami) qu’à 15°C (la moyenne de la mer du Nord). Et pour être efficace, l’Olivine doit avoir la plus grande surface de contact possible avec l’atmosphère. Il faut donc la concasser de manière la plus fine possible. Ce qui semblait complexe et onéreux à l’époque.

Mais imaginons que ces contraintes soient surmontées. Pour revenir aux concentrations de 1750, il faudrait utiliser 1,6 billion de tonnes d’olivine brute, soit un cube d’environ 8 km. Il faudrait la décomposer en très petites particules – pas comme du sable, trop grand, mais comme du limon, avec des diamètres de l’ordre de 10 à 50 microns. Et avoir des mines à proximité des mers chaudes, comme on en trouve déjà en Indonésie. Avec les procédés étudiées à l’époque de l’étude néerlandaise, le coût de l’extraction et du concassage à 10 microns serait de 26$ la tonne, avec 174kWh d’énergie. Et nécessiterait l’équivalent de la la moitié de la production électrique des USA pour 80 gigatonnes à l’année. Mais des chercheurs ont déterminé qu’un broyeur à attrition humide pourrait créer des particules inférieures à 4 microns pour seulement 9,15$ et 61kWh par tonne de roche. Soit seulement 7,32$ par tonne de CO₂ séquestrée, et 732 milliards de dollars / an en coûts énergétiques.

En comptant les dépenses d’investissement, on ne serait qu’à 9$ la tonne de CO₂ séquestrée.

9$.

Pour moins d’1% du PIB mondial, on pourrait imaginer traiter 100 gigatonnes par an.

En combien de temps pourrions-nous revenir aux concentrations de l’ère préindustrielle ? Le calcul a été fait, en prenant les hypothèses suivantes : Au démarrage, il y a 2,7 billions de tonnes de CO₂ à séquestrer. L’humanité émet 60 gigatonnes par an, et 0,5 gigatonne est séquestrée par le processus. Ce montant double tous les 18 mois. A ce rythme, l’objectif est atteint en seulement 19 ans. La propagation du limon d’olivine dans l’océan est-elle la réponse à tous les problèmes environnementaux ? 

Non, bien sûr, aucune ne l’est. Mais elle est probablement bien plus réaliste qu’une decarbonation rapide de l’économie mondiale. Certains secteurs sont plus difficiles à décarboner que d’autres, et les plus difficiles à décarboner sont souvent précisément ceux qui ont le plus contribué à l’industrialisation des pays à revenu intermédiaire. Et à sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté. La décarbonisation complète à court terme envisagée par certains militants ne serait pas qu’une question d’Américains achetant des Teslas ou de Suédois renonçant à des vols bon marché vers Barcelone. Ses coûts seraient au contraire supportés par la grande majorité mondiale : l’agriculteur indien confronté à l’augmentation du coût des engrais ; l’ouvrier vietnamien sans emploi faute d’électricité suffisante…l’habitant des bidonvilles de Karachi ou de Lagos dont les rêves d’un appartement moderne seraient anéantis ; un chauffeur de camion de fret chinois réduit à la misère.

Si les émissions de carbone s’arrêtaient demain, ou même dans cinq ans, le bilan humain serait immense, entraînant probablement la plus grande famine de l’histoire.

Le seul espoir humaniste est donc là : Dans la fédération de toutes les énergies pour nous adapter.